Comment réagir face à un enfant dysléxique?
La dyslexie est un trouble d’apprentissage de l’écriture. «La dyslexie a un rapport avec la qualité, la précision, la vitesse de lecture et la compréhension», explique Hervé Glasel, neuropsychologue et fondateur de trois écoles dédiées aux enfants «dys». Elle prend des formes variées, d’importance modérée à sévère. De nombreuses études tentent de déterminer son origine. La présence d’un dysfonctionnement des circuits cérébraux impliqués dans la phonologie -représentation et traitement des sons de la parole- est aujourd’hui la cause la plus couramment admise. Par ailleurs, un parent dyslexique a davantage de risque d’avoir un enfant dyslexique.
Des séances de rééducation chez l’orthophoniste
Les professionnels indiquent que la dyslexie ne peut être diagnostiquée qu’en fin de CE1. «C’est à partir de 18 mois de retard entre l’âge lexique (déterminé à partir d’un test de lecture) et l’âge réel de l’enfant que l’on peut véritablement identifier la dyslexie», indique Hervé Glasel. Une fois le diagnostic établi par un orthophoniste, une prise en charge se met en place, généralement sous la forme de deux séances d’orthophonie de 30 à 45 minutes par semaine. Elles portent notamment sur l’entraînement des capacités phonologiques de l’enfant. Si des troubles isolés ou associés à la dyslexie existent, d’autres professionnels peuvent intervenir: pédopsychiatre, neuropsychologue, psychomotricien, orthoptiste…
Dans cette rééducation, les parents tiennent une place essentielle pour motiver l’enfant et l’aider à (re)prendre confiance en lui. Ils doivent l’aider à mettre en place des stratégies de compensation ou de contournement pour le soulager de la charge de lecture. «L’objectif est de faire tomber le mythe de l’écrit. Par exemple, le parent va lire les consignes à son enfant, l’aider à épeler les mots d’une dictée, lui lire strophe par strophe la récitation qu’il doit apprendre», détaille Hervé Glasel. «Tous les soirs, je passais une heure et demie avec mon fils pour l’aider à faire ses devoirs», témoigne Agnès, mère d’un fils dyslexique, aujourd’hui âgé de 17 ans.
Stimuler l’enfant sans l’épuiser
«Accompagner son enfant, c’est aussi conserver une certaine souplesse et savoir supprimer un devoir si la pression est trop forte», recommande Audrey, orthophoniste à Aix-en-Provence. «Il faut trouver un compromis entre stimuler l’enfant et éviter d’atteindre le point d’épuisement», analyse Hervé Glasel. Il conseille également de redonner à ces enfants le plaisir de lire. «Cela peut passer par une bande dessinée ou la lecture à deux. Mais surtout, ne pas le forcer à lire à voix haute s’il ne veut pas».
Il est également important qu’un enfant dyslexique puisse s’épanouir dans d’autres activités: sport, musique, dessin… Cela lui permet de développer des talents et de renforcer son estime de soi, souvent malmenée à l’école.
Le rôle des parents est aussi d’aider l’enfant qui se sent différent à affronter les remarques parfois blessantes des enseignants, ou les moqueries de ses camarades. «Mon fils avait du mal à se concentrer à l’école. A partir d’un certain moment, il n’écoutait plus et se levait», raconte Agnès. «Parfois, ses professeurs lui faisaient sentir qu’ils le considéraient comme idiot ou fainéant. Heureusement, cela ne l’a pas empêché d’être extraverti et apprécié de ses camarades».
Des possibilités d’aménagements à l’école
Les parents ont également un rôle important vis-à-vis des enseignants, qui ne sont pas toujours suffisamment formés sur le sujet. «Les familles d’enfants ‘dys’ se sentent dépourvus face à un système scolaire figé. Les parents doivent être l’avocat de leurs enfants», indique Hervé Glasel. «Il ne faut pas hésiter à rencontrer régulièrement les professeurs et à demander des aménagements, même si les dossiers sont lourds à remplir et à renouveler chaque année», conseille Agnès.
Un programme personnalisé de scolarisation (PPS) ou un projet d’accueil personnalisé (PAP) peuvent être mis en place, avec des outils adaptés aux difficultés: polycopiés, ordinateur pour prendre les cours en notes, un tiers de temps supplémentaire lors des contrôles, etc. Pour les dyslexies les plus sévères, une AVS (auxiliaire de vie scolaire) peut être demandée.
La rééducation de la dyslexie nécessite efforts et patience. «Parfois, au bout de quelques années d’orthophonie, l’enfant s’épuise. Je recommande alors des fenêtres thérapeutiques: on arrête puis l’enfant revient quelques mois plus tard», explique Audrey. «En seconde, mon fils a complètement décroché. Il avait fini par développer une phobie scolaire. Aujourd’hui, il souhaite reprendre des études», raconte Agnès.
On ne guérit pas de la dyslexie, mais les enfants qui ont bénéficié d’un suivi parviennent à récupérer une lecture fonctionnelle et à s’adapter à leur environnement en grandissant.
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